jeudi 20 septembre 2012

La gargoulette Kodak

J'ai retrouvé hier soir cette photocopie envoyée par Bernard Plossu :


« La gargoulette est un récipient en argile, de forme humaine, croupe évasée et torse étroit, dont on se sert pour garder l'eau fraîche. Dans les quartiers pauvres, les gargoulettes blanches est sur toutes les fenêtres. Entre la partie renflée et la partie étroite, un filtre, d'argile lui aussi, qui fut longtemps artistiquement "travaillé". L'artisan empruntait à la flore ou à la faune des motifs variés, comme autant de filigranes qui ne pouvaient être découverts qu'en brisant la gargoulette.
[…]

A l'âge de six ans, un petit Kodak, offert par son père, lui inspira une passion qui dure encore. Des motifs furtifs peuvent être happés, comme capturés sur papier blanc soit pour aider la mémoire , soit pour prolonger le plaisir de certains instants. »

(Henri El-Kayem, Par grand vent d'est avec rafales, 1989)



Les gargoulettes empilées contre les murs que j'ai photographié à Djerba avec une box Kodak 6x9 cm en 1999 servent quant à elles à capturer des poulpes. Pièges à poulpes, pièges à images... la ou plutôt les métaphores peuvent être filées à l'infini semble-t-il.

Enfant, dans les années 1970, face à l'Instamatix de mes parents, j'étais fasciné par l'idée que l'appareil permette de faire des images bien sûr, mais aussi l'idée qu'il en contienne déjà, emprisonnées mais pas encore révélées (c'est ainsi que l'enfant éventre parfois des appareils voire des petits animaux avec une cruauté qui n'a rien d'innocente, dans la tentative, souvent veine, de comprendre comment ça marche...). J'apprendrai bien plus tard que l'on nomme ces images qui existent mais ne sont pas encore visibles des « images latentes ».

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