J'ai retrouvé hier
soir cette photocopie envoyée
par Bernard Plossu :
« La gargoulette
est un récipient en argile, de forme humaine, croupe évasée et
torse étroit, dont on se sert pour garder l'eau fraîche. Dans les
quartiers pauvres, les gargoulettes blanches est sur toutes les
fenêtres. Entre la partie renflée et la partie étroite, un filtre,
d'argile lui aussi, qui fut longtemps artistiquement "travaillé".
L'artisan empruntait à la flore ou à la faune des motifs variés,
comme autant de filigranes qui ne pouvaient être découverts qu'en
brisant la gargoulette.
[…]
A l'âge de six ans, un
petit Kodak, offert par son père, lui inspira une passion qui dure
encore. Des motifs furtifs peuvent être happés, comme capturés sur
papier blanc soit pour aider la mémoire , soit pour prolonger
le plaisir de certains instants. »
(Henri El-Kayem, Par
grand vent d'est avec rafales, 1989)
Les gargoulettes empilées
contre les murs que j'ai photographié à Djerba avec une box Kodak
6x9 cm en 1999 servent quant à elles à capturer des poulpes. Pièges
à poulpes, pièges à images... la ou plutôt les métaphores
peuvent être filées à l'infini semble-t-il.
Enfant, dans les années
1970, face à l'Instamatix de mes parents, j'étais fasciné par
l'idée que l'appareil permette de faire des images bien sûr, mais
aussi l'idée qu'il en contienne déjà, emprisonnées mais pas
encore révélées (c'est ainsi que l'enfant éventre parfois des
appareils voire des petits animaux avec une cruauté qui n'a rien
d'innocente, dans la tentative, souvent veine, de comprendre comment
ça marche...). J'apprendrai bien plus tard que l'on nomme ces images
qui existent mais ne sont pas encore visibles des « images
latentes ».
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