jeudi 4 octobre 2012

Inauguration de l'exposition « A MINIMA » à la médiathèque Marguerite Duras, Paris 20e, jeudi 8 novembre 2012 à partir de 19 h 30













Qu'est-ce qu'une pratique «  archaïsante  » en photographie à l'ère d'une «  virtualisation toujours plus grande du réel (Christian Gattinoni), ? Qu'est-ce que la «  FOTO POVERA  »  ou encore une pratique « A MINIMA * », pour reprendre le titre de l'exposition présentée à la Médiathèque Marguerite Duras  ?...

C'est une manière alternative de voir, d'élaborer sa vision du monde à l'aide de boîtiers que l'on a soi-même réalisés, ou détournés de leur usage habituel.

Il s'agit avant tout avant d'une attitude, d'une tournure d'esprit. Depuis les années 1970, voire les années 1960, ont en effet émergé des pratiques qui contestent les contraintes de la doxa photographique, vont à rebours d'une utopie techniciste de perfection, de la netteté de l'image, qui habite l'histoire de la photographie depuis ses débuts. Celles-ci refusent la norme dominante de la photographie piquée, bien cadrée.

Une tendance qui s'est confirmée depuis le milieu des années 2000. De nouvelles pratiques, hybrides ou non, ont en effet émergé : photos prises avec appareils-jouets en plastique, photos au téléphone mobile et sténopés revendiquant une économie et pauvreté parfois paradoxales, ou dégradation du signal électronique. En même temps, des pratiques argentiques alternatives interrogeant le médium dans ses marges, malmenant ou transgressant nombre de codes iconiques, ont connu un fort regain d'intérêt.

Employer des appareils amateurs en plastique, les transformer si l'on a envie, fabriquer un sténopé avec une boîte en métal à thé ou à café, une canette de soda ou de bière, c'est élaborer sa propre machine de vision. Casser l'optique d'un compact numérique pour la remplacer par un capuchon en plastique percé d'un trou comme je l'ai fait récemment, c'est faire violence, symboliquement et littéralement, à la doxa de la perfection technique.

Ce sont les enjeux majeurs de telle pratiques : montrer que le monde peut-être perçu et surtout construit autrement, recréé subjectivement, qu'il est possible sinon urgent et nécessaire d'échapper aux rectangles normatifs des télévisions, des écrans d'ordinateur et des téléphones mobiles. Que l'on peut échapper au diktat des marques, au prêt à penser et prêt à regarder de la société de consommation, y compris, désormais, avec ces téléphones mobiles justement, et quel que soit leur degré de sophistication…

L'outil est important bien sûr dans toute pratique mais ne reste qu'un outil. L'on ne doit pas y être inféodé, jamais, mais au contraire le modifier, le détourner en fonction de nos besoins, en prenant le contre-pied des modes et des usages s'il le faut.

Les travaux sélectionnés pour « A MINIMA » à la médiathèque Marguerite Duras, qu'il s'agisse de ceux des photographes invités ou des lauréats du concours, relèvent avant tour du « percept », bien plus que du « concept », pour reprendre l'expression de Deleuze : ce sont des œuvres discrètes et sensibles, souvent expérimentales, que je vous convie à découvrir et à vous approprier... 



* Le titre est de Laetitia Couenne, bibliothécaire à la médiathèque Marguerite Duras, que je remercie, ainsi que le reste de l'équipe.


(Yannick Vigouroux)




2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup ce fotopoveraland, ses artistes, ses textes, bonne route pour cette expo. Amicalement.dj.

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